mardi 21 octobre 2008

Le Sanctuaire des Annapurnas

C'est parti pour un trek de 11 jours, boucle qui doit nous mener jusqu'au camp de base des Annapurnas.
Ca sonne la fin de notre attaque amibienne.

Il faut avouer aussi qu'on n'est pas mécontents de quitter la civilisation, internet et tout ça, parce qu'on commence à en avoir marre de ces mails venus de France qui nous rappellent un peu trop à notre goût que le retour est proche. Hé ! Il nous reste quand même presque 3 semaines, c’est l’équivalent de vos grandes vacances annuelles !! Bon, d’accord, on devient un peu susceptibles sur ce point là parce qu’on sent effectivement que le compte à rebours est lancé. On a bien conscience que cette année de liberté qui nous semblait infinie il y a quelques mois a bel et bien une fin. Pour terminer en beauté, rien de tel qu’une longue échappée au milieu des plus grandes montagnes du monde.





Notre équipe : Gyan, et notre porteur qui se charge d’un sac à dos contenant nos affaires pour les 10 prochains jours. Gyan est étudiant en sciences politiques et paye ses études en étant guide. Son actu : il aimerait finir ses études en Australie, où habite l’un de ses oncles… et pouvoir enfin voir la mer !! Il nous donnera plein d’infos intéressantes sur la montagne, ses habitants et leurs coutumes, avec un certain recul.



Le troisième jour, on se lève avant le soleil, il est 4 h 30, et on entame, frontale allumée, l’ascension de la colline de Gorepani, qui offre un 360° sur les chaines avoisinantes.














Ce jour là, on passe notre temps à faire des yo-yos, on monte pour mieux redescendre, et l’inverse.
Conséquence : on traverse des paysages très différents en peu de temps, mélangeant villages et cultures en escaliers, forêts, torrents et zones rocailleuses. Globalement, pendant ces 11 jours, on s’est tapé de bons dénivelés bien abrupts, le plus souvent aménagés… en escaliers de pierre.














Toute la zone est évidemment inaccessible par la route et les villages sont approvisionnés à dos d’hommes ou de bêtes.
On doit parfois se frayer un passage au milieu des animaux qui envahissent le chemin.













Les endroits où on passe la nuit sont toujours composés de 5 ou 6 refuges tenus par des familles. Souvent pas mal de monde car c’est la haute saison des treks. On se retrouve tous dans la salle commune, le soir, autour d’un poêle qui chauffe les tables. Dès que le soleil se couche, il fait très froid.








Le programme du jour : "Pour arriver en face ? Ben il suffit de descendre tout en bas dans la vallée et de remonter !!! Fastoche !"






Promenade bucolique...


.








... qui se termine inévitablement autour d'un dal bhat.
Passé une certaine altitude, plus beaucoup de viande et de légumes frais. Le tandem « riz-lentilles » constitue le principal de notre alimentation. Pour des raisons cette fois ci non plus logistiques mais sacrées, tout produit d’origine animale est carrément banni passé une certaine zone. Les femmes faisaient d’ailleurs partie de ces « produits », jusqu’à ce que le tourisme vienne bouleverser la donne.





















On est frappés de voir qu’à plus de 3.000 mètres… la végétation pousse encore et les gens vivent de la culture et de l’élevage.
Certes selon des pratiques pas toujours les plus modernes.

On est frappés aussi de voir les charges inimaginables que les sherpas peuvent porter, de voir les écoliers en uniforme dévaler matin et soir des pentes qui nous laissent le souffle court et de l’absurde de voir des kayaks beaucoup trop lourds transportés jusqu’au milieu des montagnes pour le plaisir des touristes… Comme souvent, difficile de se faire un avis : esclavagisme moderne ou développement grâce au tourisme ?






On arrive dans des zones de haute montagne. Le sublime !!
Passé les forêts de bambous, dernière vraie trace de végétation, on bascule dans des zones beaucoup plus arides et pelées, de roches… puis, au détour de la dernière vallée, nos premiers sommets enneigés. On se retrouve au pied du cirque des Annapurna, entourés de tous côtés de sommets qui culminent entre 7.000 et 8.000 mètres.



















Chance inouïe : ceux qui sont venus là hier n’ont absolument rien vu et a priori, il est plus fréquent d’être dans le brouillard complet que d’avoir un soleil de dingue comme celui qui nous accompagne.



Ca y est, elle l’a fait !! La bougie globe est arrivée au camp de base mythique des Annapurna, à 4.200 mètres d’altitude.
On y passe la nuit.
Celle-ci sera bien fraîche, évidemment pas de chauffage dans les chambres et les températures avoisinent les -10°.











Pendant que les touristes s’échangent les remèdes miracles pour échapper aux maux de têtes et nausées caractéristiques de la haute montagne, les népalais se font une petite partie de volley...


Au fil des jours, on a constitué un petit groupe qui se retrouve d'étapes en étapes. L'une d'entre elles devra redescendre dans la nuit jusqu'au refuge plus bas, le mal daltitude a frappé.
Lever ou coucher de soleil, on ne sait plus, mais dans le désordre, on vous offre du beau :




Le Macchapuchhare, sommet aux formes parfaites qui reste un mythe : aucun homme n’a réussi à y accéder, tous y ont renoncé ou sont morts, et depuis, plus aucun permis n’est délivré à ceux qui voudraient tenter l’ascension. On est content de découvrir que certaines zones de cette Terre n’ont toujours pas été foulées par l’homme. Les Népalais l’ont érigée en montagne sacrée :


On redescend. 3.000 m de dénivelés en 1 seul jour en comptant les yo-yos. Au bout du 9ème jour de marche, les genoux commencent vraiment à fatiguer.












On retrouve les vallées verdoyantes et les villages où la fête des lumières bat son plein. Plus grande fête de l’année au Népal. Chants, danses, le soir ; offrandes de fleur des sœurs à leurs frêres..















Et on goûte au plaisir de se prélasser dans des thermes d'eau chaude.





Boris et ses petits amis....
Le moment de la séparation d'avec Gyan et notre porteur est proche.
On quitte avec regret ces montagnes magiques et on rejoint Pokhara.